Depuis la première édition en 2003, la Red Bull X-Alps n’a cessé d’évoluer, que ce soit le tracé, la philosophie où matériel utilisé. Véritable laboratoire d’innovation, elle a eu et continue d’avoir un rôle majeur dans l’allègement du matériel de parapente. Cette édition sera marquée par l’apparition de sellettes pressurisées type “submarine”. Après avoir révolutionné la compétition classique, leur arrivée en X-Alps était imminente. On est désormais bien loin des sacs de plus de 15kg avec sellette assise aux larges sangles et tissus épais des années 2000.
À l’automne 2024, Ferdinand VOGEL, récemment placé au poste de directeur de course, parallèlement à sa récente prise de poste à la tête de la marque Nova Paragliders a annoncé de nouvelles règles concernant les sellettes à la X-Alps. Cette règlementation ne concerne donc pour le moment que cette compétition et aucune autre. D’ailleurs, la FAI, qui vient de “créer” officiellement la pratique de la “Compétition de Hike&Fly”, n’a pas encore traité le sujet bien qu’un gros travail ait déjà été lancé concernant une nouvelle norme pour les compétitions de “Cross Country”ˢʳᶜ.
Ces nouvelles règles imposent aux constructeurs que les pilotes puissent sortir leurs pieds facilement (sans devoir utiliser leurs mains, sans zip donc) et que la longueur du fairing n’exède pas 175cm à partir du point d’accroche (afin de réduire les risques de gêne visuelle en cas d’incident en vol, un problème connu avec ce type de sellette en compétition classique).
L’idée d’optimiser la performance globale en se penchant sur la traînée de la sellette et du pilote ne date pas d’hier, bien qu’il soit dur de retracer exactement qui a été le premier à expérimenter avec cette idée. À notre connaissance, c’est Luc ARMANT qui a été le premier à prendre la chose assez au sérieux pour travailler sur un prototype de sellette pressurisée en forme de goutte d’eauˢʳᶜ qu’il avait volé lors des championnats de France ) Saint-Hilaire en 2007.
Aussi, Ozone avait travaillé au début des années 2010 dans la soufflerie de l’école Supaero de Toulouse pour aboutir à l’Exoceat qui a longtemps été la sellette de compétition de référence.
En tant que spectateur on passe toujours par une phase d’étonnement voire de rejet concernant les grands changements. Pourtant, il suffit de voir comment le regard des compétiteurs a évolué en 4 ans sur les submarines, ou de se rappeler de l’inconcevabilité encore récente du concept d’EN-C 2 lignes pour voir que le matériel et sa perception par le public évoluent encore. L’arrivée de sellettes de ce genre sur une course aussi compétitive était aussi imminente qu’inévitable.
Il est intéressant d’observer que le développement de sellettes pressurisées destinées à la X-Alps semble attirer davantage de constructeurs que le circuit de compétition classique. Peut être parceque c’est plutôt de ces versions que seront dérivées les versions “grand public”, dont on s’étonne qu’elle ne soient toujours pas arrivées sur le marché.
Sup’Air était déjà présent lors de la première édition de la X-Alps en 2003. David DAGAULT, qui avait décroché la deuxième place, était équipé d’une sellette spécialement conçue par Pierre BOUILLOUX, son sac pesait aux alentours de 15kg à l’époque !
En 2024, la marque basée à Annecy, a été la première a commercialiser une sellette du genre en version légère destinée aux compétitions de marche et vol, la ALP (Aerodynamic Light Performance). Elle aura notamment été volée par Pierre REMY lors de la X-Pyr 2024 et par Tobias GROSSRUBATSCHER qui gagnera la Dolomity Superfly 2024 avec. Le directeur commercial de Sup’Air n’étant autre que Clément LATOUR (2ème place à la X-Alps 2013).
Yoann CHAVANNE, le principal designer de la ALP (et ancien compétiteur en PWC) a retravaillé l’enveloppe pour se conformer aux nouvelles règles.
La ALP XA est annoncée à environ 1.4kg.
Dur de garder ses secrets quand on est basé à Annecy… Neo a aussi dédié beaucoup de temps au développement de leur version d’un submarine léger en 2023-2024 avec les pilote team de cette époque : Maxime PINOT et Tim ALONGI. Depuis, Maxime a annoncé sa séparation avec Neo fin 2024, et volera avec un SubLite de chez Ozone.
Ce projet n’a pas de but de commercialisation chez Neo et semble être à l’arrêt depuis le départ de Maxime. Néanmoins nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise sur la ligne de départ.
On vous en parlait à l’automne 2024 dans notre article sur cette nouvelle marque basée encore une fois à proximité immédiate d’Annecy !
La jeune équipe d’Ascendant nous a confirmé travailler avec Aaron DUROGATI sur une version “Short-Tail” pour pouvoir être présente sur cette édition de la course. Pas de photo à se mettre sous la dent, pour le moment les seules images sont sur les réseaux d’Aaron.
La Zian dans sa version “longue” reste commercialisée pour les pilotes à la recherche de la performance maximale et reste acceptée sur toutes les autres compétitions de marche et vol que la X-Alps.
2021, Dissentis Suisse, Luc ARMANT s’offre la victoire d’une vie à la Superfinale. Il remporte 3 manches sur 7 et la victoire overall avec une voile et une sellette dont il est le principal designer, Enzo 3 et Submarine (dont c’est la toute première apparition !).
Depuis, cette sellette a le monopole quasiment exclusif du sommet des classements en compétition. Bien qu’ils aient déjà dégrossi une très grosse partie du travail de R&D, concevoir une version adaptée à la X-Alps a demandé un gros travail. Il semblerait que le Submarine classique bénéficie de certaines avancées du Sublite, notamment du zip magnétique, dans sa dernière version. Le résultat de ce travail est déjà entre les mains de certains pilotes team comme Maxime PINOT et Damien LACAZE.
Le SubLite est annoncé à environ 1.4kg. Le pack X-Alps de Damien LACAZE pèse 5.65kg (casque homologué et vario inclus !)
La très dynamique marque espagnole a présenté en 2024 des prototypes d’une sellette pressurisée pour les compétitions classique, nom de projet : Rocket.
Le 16 avril 2025 Niviuk a annoncé sur ses réseaux la Rocket P avec laquelle voleront au moins les quatre pilotes teams : Tanguy Renaud-Goud, Céline Lorenz, Jean de Biolley et Jared Scheid.
La marque suisse avait expérimenté avec le concept de sellette pressurisée en 2011, pourtant sur cette X-Alps 2025, les athlètes Advance voleront avec un cocon “classique.
Advance est le partenaire historique de la légende Chrigel MAURER (8 victoires consécutives à la X-Alps, en plus d’un gros palmarès en PWC et en voltige).
La marque nous a confirmé que ses huit athlètes, Chrigel compris, voleront avec une sellette ‘classique’ minimaliste, sans fairing, d’environ 800g. Un choix pleinement assumé et démarquant, en cohérence avec les préférences de Chrigel, qui vole en Lightness ou en Impress même en PWC.
On vous parlait déjà de la grande propension à l’innovation de la marque dans notre article sur l’industrie du vol libre en Ukraine depuis l’invasion russe.
Depuis, la marque a communiqué sur le développement en cours du “BF_zeppelin” qui ne semble pas destiné à la X-alps car trop long et plutôt semi-light que radical. Ce sera peut être la première sellette du genre à atteindre le marché grand public.
Ils ont également sorti officiellement la BF_cocon Pizza-X qui du haut de ses 700g (protection homologuée incluse) est pour le moment la sellette cocon la plus légère existante sur le marché.
La marque Coréenne été la première à suivre les pas d’Ozone et du submarine en sortant la Genie Race 5.
Ils ont donc déjà une partie des cartes en main pour présenter un modèle dédié à la X-Alps 2025, néanmoins il n’y a aucune photo ou information venant donner du poids à cette éventuelle présomption.
Ces trois marques germanophone ont des pilotes team qui participeront à la course. Néanmoins, aucune info ne laisse penser qu’ils auront des sellettes type submarine à proposer à leurs athlètes.
La fidélité des pilotes à leurs sponsors ayant toujours été toute relative, en particulier sur la X-Alps, nous ne serions pas surpris à Wingspan de voir certains de pilotes équipés de sellettes des marques concurrentes, s’assurants ainsi de ne pas subir de retard technologique.
Il reste bon de rappeler que ces nouvelles sellettes pressurisées offrent leur plus gros avantage de performance aux hautes vitesses et quand elles sont bien gonflées. Aussi, elles restent plus lourdes (presque le double!) que les cocons “classiques”.
Un nouveau scénario est imaginable : qu’un athlète endommage sa sellette pressurisée lors d’un décollage scabreux et se retrouve en vol avec une sellette qui flappe, qui perdrait alors tous ses avantages aérodynamiques. Les reposes en montagne et les réparations restent bien sûr possibles mais coûtent du temps…
La course promet d’être passionnante à suivre.
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Article paru le 7 avril 2025.
Dernière mise à jour le 16 avril 2025.