C’était un des rares nouveaux stands à la Coupe Icare 2025. Cette nouvelle marque avait attiré notre curiosité dès son annonce, après avoir essayé et adopté le Vector Vario nous avons décidé de prendre le temps de rédiger un article de présentation / essai.
Quentin AUBOURG et Anthony MICHELON se sont rencontrés à l’université, ils partagent les passions du parapente, de la mécanique des fluides et du développement.
Vous aviez peut être déjà vu passer cette vidéo YouTube qu’ils avaient réalisé pour mettre en évidence le vortex de bout d’aile sur un parapente. Depuis, ils ont tous les deux obtenus un doctorat.
Il créent l’entreprise Vector en 2023. Leur premier produit sera la Vector Probe, une sonde destinée aux fabricants d’ailes pour mesurer objectivement la performance et obtenir des polaires de vitesses précises. Peu de pilotes ont déjà entendu parler de la Vector Probe, pourtant c’est vite devenu un outil de référence parmi les concepteurs.
Beaucoup de marques se sont déjà fournies en Vector Vario, qui s’est d’ailleurs vu être décliné en version « Pro » après la Coupe Icare au vu de l’engouement de ce marché de professionnels.
Le Vector Vario nous a impressionné sur de nombreux aspects « classiques » : précision du vario instantané et des mesures, volume sonore, connectivité bluetooth, qualité et fluidité de l’application VV Configurator.
C’est une vraie nouveauté sur le marché qui propose des nouvelles mesures utiles aux pilotes :
– mesure de la vitesse air
– vario netto / calcul d’énergie totale
– calcul instantané de la force et direction du vent
– mesure de la température et humidité de l’air
Le produit et ses outils associés semblent déjà très matures. La passion de l’équipe se devine dans la fréquence des mises à jour, mais aussi les échanges qu’on a pu avoir. Cela suggère un avenir brillant pour l’entreprise.
Commercialisé pour la première fois en août 2025, c’est un instrument d’un genre nouveau et complètement unique sur le marché.
Le Vector Vario (VV) est un vario GPS Bluetooth qui est équipé de fonctions basées sur la mesure du vent relatif (ou vitesse air).
Notons aussi qu’il est fabriqué en France.
– Vario instantané (baromètre + accéléromètre)
– GPS (.igc / igc+)
– connectivité Bluetooth (comptabile XCTrack / SeeYou Navigator, FlySkyHigh)
– 53g
– 15h d’autonomie annoncée en « conditions réelles »
– USB-C
– Anémomètre
– Capteur température / humidité
– Livré avec une carte micro-SD de 8Go
– Prix : 429€
L’idée de mesurer la vitesse air ne date pas d’hier. Il existait des sondes TAS dès le début des années 2000 mais celles qui étaient commercialisées jusqu’ici étaient encombrantes et devaient être placées pendues sous le pilote pour avoir des mesures précises…
La nouveauté du VV est d’avoir cette mesure dans un petit instrument monté sur l’élévateur qui soit réellement utilisable dans la vie de tous les jours tout en restant assez précise.
De cette mesure découle :
– le calcul de la force et de la direction du vent
– le calcul d’énergie totale
– le vario netto
C’est la nouveauté qui selon nous apporte le plus grand bénéfice et peut intéresser le maximum de pilotes.
La compréhension de la direction et de la force flux dans lequel on évolue à l’instant T est un des critères fondamentaux de la sécurité mais aussi de la performance en parapente. L’observation visuelle de sa dérive et le feeling du pilote sont bien sûr des compétences essentielles mais il est intéressant d’avoir des données objectives pour comparer et confronter le ressenti.
La plupart des GPS ou applications de vol proposent un calcul de ces données basé sur la dérive quand on tourne (d’un demi tour à un tour complet selon les instruments). Ce calcul est plus ou moins précis selon l’algorithme utilisé et la qualité de la trace GPS, mais surtout il est piégeux car il affiche la dernière valeur calculée qui n’est pas actualisée tant qu’un virage à 180° voire un tour complet n’a pas été effectué… (On a parfois le temps de changer de vallée et donc de flux plusieurs fois avant de refaire un tour !)
Le VV lui calcule et actualise à chaque seconde ces données grâce à la mesure de la vitesse air. De manière simplifiée, l’algorithme du VV soustrait le vecteur de la vitesse air à celui de la vitesse sol pour en déduire la force et la direction du vent. Nous avons été bluffé par la précision et l’utilité de cette fonctionnalité lors de notre essai.
En bonus, Vector propose un outil de création de fichier Google Earth (.kml) qui affiche un vecteur du vent calculé à chaque point à partir de la trace IGC+. Une fonctionnalité intéressante pour le débrief.
Sur l’image ci-dessous on voit par exemple bien la divergence de la brise de vallée d’un côté et de l’autre de la montagne.
Le principe est assez simple, utiliser la mesure de la vitesse air pour en déduire les variations d’énergie cinétique du parapente et ainsi pouvoir gommer les « faux » bips qui indiquent une montée quand il s’agit simplement d’une ressource. Le vario ne bippe plus que pour indiquer des informations relatives à la masse d’air et gomme tous les signaux parasites dus aux mouvements pendulaires.
Basé sur la polaire de vitesses de votre aile à votre PTV, c’est ici que les données issues de la collaboration avec les fabricants d’ailes sur la Vector Probe est un gros avantage par rapport aux autre marques de vario qui voudraient se lancer dans un produit équivalent.
Le vario netto indique la vitesse verticale de la masse d’air. Si vous combinez un vario réel négatif (vous descendez) avec un vario netto positif (vous descendez moins vite que votre taux de chute), un double bip vous indique que la masse d’air reste favorable. En option, un triple bip signale un netto négatif, vous avertissant d’une zone défavorable.
En vol accéléré, le vario netto (toujours grâce à la polaire de votre aile) peut être utilisé pour estimer le vario potentiel si vous relâchiez. Si ce calcul révèle une zone ascendante, il vous l’indiquera pour vous permettre de choisir de relâcher l’accélérateur ou non pour l’exploiter.
Tous les varios ne se valent pas en terme de qualité et de volume du son produit.
Le VV utilise un émetteur piézo de bonne qualité qui produit un son clair et agréable, réglable de 0 (silence) à 3 (fort, audible avec un casque intégral, accéléré au maximum).
Selon le profil sonore utilisé, il peut être très présent (si on active le Netto et le Release and Rise particulièrement). La solution que nous avons trouvé est d’avoir un profil sonore avec et un profil sans pour pouvoir basculer de l’un à l’autre facilement en l’air.
Vous pouvez avoir un apperçu du son (avec un profil sonore personnalisé) sur cette vidéo.
Il existe autant de façons de pratiquer le parapente que de pilotes, et le choix des instruments sera dicté par de nombreux facteurs.
Nous pensons que le Vector Vario s’adresse à un plus large public que ce que l’on imaginait avant de l’essayer.
Au 1er abord il nous a semblé que le VV avait été conçu pour répondre à une demande des pilotes en Ozone Submarine. (En effet, avec son cockpit intégré dans l’enveloppe, les baromètres sont faussés car la pression dans la sellette est différente de celle en l’air… Le problème est spécifique à ce modèle qui est le seul à avoir un cockpit à l’intérieur de l’enveloppe mais c’est aussi clairement le plus répandu en compétition…)
Cependant, après plus de deux mois d’essai, nous pensons que ce vario pourrait bénéficier à un bien plus large spectre de pilotes et nous l’avons personnellement adopté. Il se révèlera particulièrement utile à tous les pilotes qui volent en cross du fait des mesures de la force et de la direction du vent. De notre côté il est un vrai plus pour pouvoir objectiver des ressentis de vitesses lors des essais d’ailes !
Ce placement sur le bas de l’élévateur peuvent occasionner des petites gènes en sortie de décollage avec l’accélérateur qui passe autour par exemple. Cela ne nous a jamais posé de vrai problème mais il est quasiment systématique de devoir prendre un instant pour bien placer le vario après avoir décollé.
Il faut aussi noter que malgré le fait que ce soit un instrument qui se distingue de ses concurrents par une plus grande complexité et plus de capteurs, c’est pourtant un des varios les plus simples d’utilisation. Nous sommes convaincus qu’il est envisageable même comme premier vario.
Article publié le 15/11/25